dimanche 15 décembre 2013

Pour réussir auprès des enfants - quelques conseils de pédagogie pratique - 5 - Bonté et dévouement

"Nous sommes choisis par Dieu comme instruments de son immense et paternelle charité qui se veut établir et dilater dans les âmes" (St Vincent de Paul)

Les enfants se donnent à qui les aime. Aimer l'enfant et se faire aimer de lui sera toujours le grand secret de l'éducation.

Que dans notre ton de voix, dans nos attitudes, dans nos manières d'être et d'agir, nous ne donnions pas à penser le contraire de cette vérité fondamentale: nous sommes les ministres de la charité divine. 

"La bonté a converti plus d'âmes que le zèle, la science ou l'éloquence, et ces trois choses n'ont jamais converti personne sans que la bonté y soit pour quelque chose" (P. Faber)

La froideur glace, la raillerie blesse, la méchanceté révolte, la défiance ferme les âmes. Si l'on veut gagner le cœur d'un enfant, il faut lui témoigner confiance et intérêt.

L'influence du directeur d'oeuvre sur l'enfant sera d'autant plus grande que celui-ci se sentira connu et aimé personnellement de lui.

Il faut que les enfants sentent que vous les aimez pour eux-mêmes et non pour vous. Cela demande de votre part une certaine dose d'abnégation qui vous porte à sortir de vous-mêmes pour vous intéresser à tout ce qui intéresse l'enfant. Or, c'est là une des choses que l'enfant sent très bien, sans même qu'on ait besoin de le lui dire, et qui conditionne sa confiance envers vous.

N'ayez pas peur d'être aimé, du moment que vous ne consentez à l'être que pour faire mieux aimer le Bon Dieu.

Il est nécessaire que vous soyez aimé des enfants. Tant que vous n'aurez pas gagné les coeurs, les conseils que vous donnerez n'auront guère de portée. Eussiez-vous toutes les qualités qui font le prestige et attirent le respect, si vous n'avez pas su capter la confiance, la sympathie et l'affection, vous pourrez vous faire obéir, obtenir une certaine discipline extérieure (au moins en votre présence), mais vous ne pourrez pas susciter un grand élan vers le bien.

La confiance, l'estime et l'affection sont des choses qui ne se commandent pas, mais qui se méritent. Ce n'est pas en disant aux enfants "Je veux que vous m'aimiez ou que vous ayez confiance en moi" que vous l'obtiendrez.

"Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis. Il n'y a pas de plus grande preuve d'amour que de donner sa vie pour ceux que l'on aime". Être prêt à donner son temps, ses forces, sa vie, et s'il le fallait tout son sang pour chacun de ces petits.

Le grand secret pour les aimer surnaturellement: à travers chacun d'eux, voir Jésus: "Ce que vous ferez à l'un de ces petits, c'est à Moi-même que vous l'aurez fait".

Soyez désintéressés dans votre dévouement. N'attendez pas de reconnaissance. Ne vous étonnez jamais de l'ingratitude. Ce n'est pas pour une récompense terrestre que nous travaillons et c'est précisément ce désintéressement dans le détachement le plus total qui fait votre force et vous donne un droit certain à la confiance, à l'estime et à l'affection.

Celui qui pense qu'il en fait toujours assez pour la récompense qu'il reçoit a l'âme d'un mercenaire et non pas d'un chef, encore moins d'un apôtre.






Pour réussir auprès des enfants - quelques conseils de pédagogie pratique - 4. Connaissance de l'enfant (SUITE)

La puissance d'attention de l'enfant est limitée; il se sature très vite, il a besoin de changement, il aime les choses imprévues, d'où nécessité de varier les occupations.

L'enfant, tourné vers le monde extérieur, ne s'analyse lui-même que difficilement, au prix d'un effort qui ne peut être soutenu longtemps,  donc ne pas lui imposer un travail de réflexion prolongée.

L'enfant manque d'expérience et du sens relatif aux choses; il se croit le centre du monde; il limite le monde à ce qu'il est, à ce qu'il voit, à ce qui le touche de près. L'égoïsme, ou tout au moins l'égocentrisme, chez lui est chose naturelle.

Conclusions:
- Développez et éduquez en lui la charité, la pensée et le service des autres: "les autres avant moi, les autres d'abord". Faites souvent appel au "bon coeur".

Il ne suffit pas de connaître l'enfant en général, il faut connaitre chaque enfant en particulier. Nous devons connaître les enfants par leur nom de famille, leur prénom, leur nom d'âme.

"Pour apprendre le latin à John, que faut-il connaître d'abord?
- Il faut connaître le latin...
- Non, il faut connaître John."  (Chesterton)

Il y a des sentiments que l'on ne saisit que du dedans, en s'installant par une sorte de sympathie à l'intérieur des âmes. L'enfant ne se déchiffre pas comme un livre; pour le connaître, il faut se prêter à lui, communier avec lui par une perpétuelle sympathie, sentir ce qu'il sent, expérimenter toutes ses dispositions, deviner toutes ses tendances, entrer dans le mouvement de sa vie.

Avant de demander ou de dire quelque chose aux enfants, mettez-vous à leur place, en vous rappelant ce que vous étiez vous-même quand vous étiez enfant, puis demandez-vous quelle serait votre réaction si on vous disait ce que vous allez dire, si on vous commandait ce que vous allez commander. C'est ce qui s'appelle selon Pascal "essayer sur son coeur".

Pour réussir auprès des enfants - quelques conseils de pédagogie pratique - 4. Connaissance de l'enfant (SUITE)

En conséquence ne craignez pas de faire affirmer collectivement l'amour du bien et faire collectivement honnir le mal. Exemple: faites pousser des "hou" de mépris pour tout ce qui est mal, pour les mauvaises conversations, pour les tricheries...Faites applaudir tout ce qui a demandé un effort pour le bien.

L'enfant étant très sensible à ce qu'on pense de lui, il est tout prêt à réaliser l'idée que son éducateur ou l'opinion, s'est forgée de lui.

Exemple: si un enfant passe dans son groupe pour quelqu'un de brave, il fera le brave, même s'il a peur. Si vous affirmez sans cesse devant un enfant qu'il n'a pas de mémoire, il ne fera plus d'efforts pour apprendre: "ce n'est pas la peine, puisque je n'ai pas de mémoire".

CONCLUSIONS PRATIQUES:
- toujours supposer chez l'enfant la qualité que l'on désire voir se développer en lui.
- ne considérer ses fautes que comme des accidents et non pas comme l'expression d'un état permanent.
- l'encourager et ne manquer aucune occasion de le compromettre pour le bien.

L'enfant est sensible aux encouragement et aux reproches en proportion du prestige qu'à près de lui la personne qui les fait, et ces encouragements ou reproches perdent toute efficacité s'ils sont trop fréquents ou illogiques.

L'enfant, surtout s'il est encouragé, aime à faire plaisir et à se rendre utile.

En chaque enfant, il y a des cordes vibratoires qu'il faut savoir découvrir et utiliser pour le bien: "En tout être humain, fût-il un bandit, dit Baden-Powell, il y a au moins 5% de bon."

Sachez trouver dans chaque enfant la corde à faire vibrer: "l'amour de la maman, la pensée de Jésus, le désir de faire plaisir". Quelque fois vous pourrez même mettre de votre côté l'amour-propre: "Je savais bien que tu étais courageux. Quel chic garçon tu serais si tu faisais cela! "

L'enfant a une faculté prodigieuse d'imagination: l'imagination a chez lui le pas sur la volonté: son inhibition est restreinte: toute idée qui lui passe par l'esprit tend à se traduire en acte, d'où l'importance du choix des histoires, des thèmes, des mythes; danger de certaines scènes de cinéma...

L'enfant ne s'intéresse pas aux jeux trop perfectionnés qui ne laissent pas de prise à l'imagination. Un jeu qu'il a inventé l'intéresse bien plus qu'un jeu tout fait. Il exécute le plan qu'il a conçu plus volontiers que celui qui lui est imposé du dehors (d'où le penchant très net chez l'enfant normal pour la construction et le bricolage).


lundi 2 janvier 2012

Pour réussir auprès des enfants - quelques conseils de pédagogie pratique - 4. Connaissance de l'enfant (SUITE)

Avant de considérer un enfant comme une mauvaise tête, voyez si, par votre maladresse, vous n'avez pas froissé en lui sa dignité d'homme responsable et libre.

Ne traitez pas l'enfant comme un être servile qui n'a qu'à exécuter vos ordres, mais comme un être doué d'intelligence et de liberté qui a un rôle actif à remplir pour travailler à sa propre formation et au bien général.

L'enfant veut vivre: comme la jeune plante tend vers la lumière, de tout son être physique et moral il tend vers tout ce qui l'épanouit, d'où la nécessité de créer autour de l'enfant une atmosphère de joie et d'enthousiasme.

L'enfant est toute mobilité. Son système musculaire est très développé comparativement à son cerveau; il a besoin de mouvement. Ce qui est immobile l'intéresse moins que ce qui bouge, d'où nécessité de comprendre son exubérance, de ne pas le laisser longtemps immobile les bras croisés, de l'orienter vers un grand jeu d'ensemble.

Pour l'enfant, vivre c'est jouer; l'enfant aime celui qui organise avec facilité les jeux où son imagination, ses forces neuves, son besoin physique d'activité et d'expérience peuvent se donner libre cours.
Ne manquez pas d'utiliser cet amour du jeu pour sa propre formation.

L'enfant n'ayant pas encore beaucoup d'expérience est beaucoup plus impressionnable que l'adulte, et cette suggestibilité est proportionnelle au prestige que possèdent sur lui les grandes personnes.
L'éducateur doit veiller, tout en maintenant son autorité nécessaire au bien de l'enfant, à ne jamais employer de moyens d'intimidation, et à ne jamais rien faire qui puisse paralyser son développement ou étouffer sa spontanéité.

L'enfant attribue aux choses la valeur ou l'importance que ses éducateurs leur donnent, d'où nécessité pour l'éducateur d'avoir le sens des proportions, de ne pas attribuer à l'accessoire une importance démesurée.

L'enfant ayant le sentiment instinctif de sa faiblesse, éprouve le besoin de s'appuyer sur d'autres: il est plus sujet que l'adulte à l'instinct grégaire, à l'esprit de bande, d'où l'intérêt du système d'équipes.

L'enfant subit avec un a fortiori toutes les lois de la psychologie des foules:
- une chose est tenue pour vraie dans la mesure où beaucoup la tiennent pour vraie
- un sentiment éprouvé en même temps par plusieurs se renforce en chacun en proportion du nombre de ceux qui l'éprouvent
- une conviction affirmée en même temps par plusieurs acquiert en chacun une nouvelle force proportionnelle au carré du nombre de ceux qui l'affirment

vendredi 25 novembre 2011

Pour réussir auprès des enfants - quelques conseils de pédagogie pratique - 4. Connaissance de l'enfant

N'oublions pas que l'enfant est un composé complexe de forces qui tendent à se faire jour et à se satisfaire. Or, une même tendance peut trouver sa satisfaction dans des actes différents.

En conséquence, lorsqu'une tendance trouve son expression dans des actes bons, il faut renforcer l'association entre la tendance et ces actes en les rendant de plus en plus faciles et agréables.

Lorsqu'au contraire une tendance s'exprime par un acte mauvais, il faut suggérer une activité de dérivation qui remplace l'action mauvaise en laissant toutefois à l'énergie vitale la possibilité de s'exprimer.

Exemple:
"Les enfants jettent des pierres sur les voitures qui passent; ne pas se contenter d'interdire cet acte mauvais, mais organiser un jeu dans lequel ils pourront satisfaire le besoin de lancer sur un objet mouvant qui s'exprimait dans leur action mauvaise (v.g. balle au chasseur).

L'enfant est un enfant, non pas parce qu'il est petit, mais en attendant de devenir grand; c'est un homme en formation. De toutes ses forces il tend à grandir, à pousser et à se pousser. Il n'aime pas être traité comme un petit, ni être appelé "petit".

"Michel a trois ans et demi. Sa tante lui dit: "Quand tu seras un grand garcon..." Michel l'interrompt vivement et d'un air très convaincu: "Mais je suis un grand garcon!"

L'enfant demande à être pris au sérieux; il veut être quelqu'un et non quelque chose.

Il est important pour l'éducateur qui arrive dans une oeuvre de connaître le plus tôt possible les noms et surtout les prénoms des enfants. Le R.P. Lenoir dont on a écrit la vie héroïque comme apôtre des marsouins pendant la guerre, s'efforcait d'apprendre leurs noms par coeur. Avant la guerre, étant nommé jeune professeur dans un collège de Belgique, il s'était fait donner, quelques jours avant la rentrée la photo en groupe des élèves qui devaient composer sa classe, et ceux-ci avaient la surprise de s'entendre appeler par leur nom dès le premier jour par un professeur qu'ils voyaient pour la première fois.

L'enfant éprouve le besoin de s'affirmer dans tous les domaines, d'où chez certains, pour poser leur personnalité, tendance à l'opposer. Par exemple, enfant faisant de la contradiction et critiquant tout ce qui se fait parce qu'on ne lui a pas demandé son avis ou parce qu'on n'a pas tenu compte d'une observation qu'il a faite, enfant devenu un révolté, un chef de bande parce qu'on n'a pas su utiliser ses qualités de meneur.

Conclusion: ne pas traiter l'enfant comme un inférieur, mais comme un collaborateur. 

vendredi 3 juin 2011

Pour réussir auprès des enfants - quelques conseils de pédagogie pratique - 3 Rayonnement de l'exemple

L'exemple est un des plus puissants moyens d'éducation. Notre Seigneur a commencé par faire avant d'enseigner. "Coepit facere et docere."

Notre attitude à l'heure de la prière, notre façon de faire le signe de la croix, le respect avec lequel nous prononçons les paroles de la Sainte Messe, le regard de foi que nous fixons sur l'hostie ont, à notre insu, plus d'influence sur les âmes que les plus beaux discours.

Ce qui compte en matière d'éducation, c'est ce que nous sommes ou, à tout le moins, ce que nous nous efforçons d'être, bien plus que ce que nous disons. "On fait plus de bien par ce qu'on est ou par ce qu'on fait, que par ce qu'on dit." (Ollé-Laprune)

Le meilleur moyen d'éveiller et d'affermir la foi de ceux qui nous entourent, c'est de leur prouver par toute notre vie, en agissant conformément à ce que nous affirmons, que nous croyons vraiment à ce que nous disons.

Il n'est pas de plus grave dommage que l'on puisse causer à l'enfant que de l'habituer à considérer les vertus du christianisme comme des choses qui se disent, mais qui ne se font pas. Le christianisme alors n'est plus qu'une langue sublime, il cesse d'être une vie.

"Il y aurait à chercher plus loin, dans la psychologie même de l'adolescent, les raisons qui donnent à l'exemple la supériorité sur la parole. Ce qui croît chez l'enfant, c'est l'indépendance, en même temps que l'affirmation de sa personnalité.


Il tend à secouer un beau matin le joug: non seulement celui qui pèse actuellement sur lui, mais celui qui pèse dans son avenir. Par un instinct subtil, il distingue ce qu'il doit à autrui et ce qu'il se doit à lui-même. Follement avide de rejeter l'influence étrangère, il garde jalousement ce qu'il s'est approprié par son propre choix. Et dès lors il faut accorder à l'influence indirecte, pour ainsi dire involontaire et anonyme, une efficacité bien plus profonde et tenace, qu'à l'influence directe qui s'exerce par volonté, par pression, et par contrainte.


L'esprit de contradiction n'est pas seulement un jeu auquel se plaît l'humeur juvénile; il est dans la nature. La vie est si égoïste et s'aime tellement elle-même qu'elle finit par se dépouiller, autant qu'elle le peut, de ce qui n'est pas elle.


C'est pourquoi il est si important que la formation spirituelle dérive non d'un commandement auquel on est tenté de s'opposer, mais de l'estime et de l'amour secret de la vertu dans un exemple vivant."

(R.P. Charmot)

lundi 18 avril 2011

Pour réussir auprès des enfants - quelques conseils de pédagogie pratique - 2

La foi est essentiellement contagieuse. Il faut que les enfants sentent, à votre contact, que pour vous Jésus-Christ n'est pas quelque chose, mais quelqu'un, que ce n'est pas un être neutre et lointain, mais le grand Ami avec lequel vous êtes en relations personnelles.

Montrez, par votre manière de parler des choses religieuses, que la foi est source de joie, de bonheur et d'enthousiasme. On n'a jamais le droit d'avoir un air blasé ou maussade quand on parle du Bon Dieu.

Prenez l'habitude de voir à travers les physionomies de vos enfants des âmes et, à travers ces âmes, le Christ qui veut y vivre et y grandir.

Donnez envie à tous ceux qui vous approchent d'aimer ce que vous aimez et de croire ce que vous croyez.

N'oubliez pas que les enfants écoutent autant avec leurs yeux qu'avec leurs oreilles.

Faites savourer aux enfants la joie d'avoir vaincu les difficultés; c'est avec cela qu'on devient des hommes.